Saint-Pierre. L'archevêché décide d'ouvrir un bâtiment pour abriter les Rom. CIQ et maire de
secteur crient au scandale.
Peur « d'enfants qui errent
dans nos rues »
• Pour mettre fin au calvaire d'une soixantaine de Rom réfugiés sous des tentes piteuses au pied de l'église Saint-Martin à Arenc, l'archevêché, propriétaire
des lieux, offre une de ses maisons en
gestion à l'Ampil (Association
méditerranéenne pour l'insertion par le logement) afin de les y héberger. Un geste généreux puisé au fondement de valeurs humanistes et chrétiennes. Mais surtout un geste courageux, quand les politiques locaux se dédouanent en reléguant la question au seul Conseil de l'Europe, en ces temps d'égoïsmes ressourcés au sein d'un repli nationaliste inquiétant.
« La bâtisse est à eux, ils y invitent bien qui ils veulent. Ce gui se
passe à l'intérieur n'est pas le problème, concède Jean Courteille, président du CIQ
Saint-Pierre, le problème, c'est que le vicaire et monseigneur Pontier auraient
pu en informer le quartier. C'est moins une
question de qualité que de quantité. Car
enfin, ce n'est pas sans conséquence
l'arrivée de 60 Rom ici. On ne va pas
les enfermer. Ces familles irrégulières
vont se promener dans le quartier. » Le monsieur est formel : « Depuis ce matin, les adhérents défilent dans mon bureau. Ils ont peur de voir des tas d'enfants errer dans le quartier pour y fouiller les poubelles. » Et une pétition est prête à circuler.
A chacun ses
responsabilités
En 2009, quand la préfecture annonce
qu'elle met en place un dispositif
d'accueil à destination d'une dizaine
de familles rom, l'effet est immédiat : une levée de boucliers de la population locale sans précédent, la maire de secteur PS, Samia Ghali, en tête, pour asséner : «
On ne veut pas ajouter de la misère à la misère. » Quelque peu échaudées par
l'expérience, les associations d'aide aux Roms sont devenues prudentes. Ayant par ailleurs réussi le tour de force de convaincre, avec le soutien de la Région, la maire PS du 2e secteur, Lisette Narducci, d'accepter une structure expérimentale à la Belle de Mai, quartier pourtant le plus pauvre de France. Six mois plus tard, l'accueil de dix familles n'y pose
aucun souci de voisinage.
Pour l'heure, deux
expériences s'opposent
à Marseille. La première consiste à réfléchir avec
les élus à comment installer près de chez soi un lieu
salubre et encadré. La seconde se contente
de laisser pourrir la situation des campements sans
sanitaires, installés de fait à côté de chez soi. Bruno
Gilles, le maire UMP du 3e secteur, a
tranché : « Ce problème relève de
l'Europe. J'ai deux casquettes, celle de
chrétien et celle d'élu qui doit faire plaisir
à sa population. On n'a pas prévenu
les habitants de Saint-Pierre et il
y a un problème d'insécurité et d'insalubrité
sur ce bâtiment, je m'oppose à cette
installation. » Mais le propriétaire reste l'archevêque. Et l'emménagement est en cours.
MYRIAM GUILLAUME (la Marseillaise)
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